XIIème siècle

XIIe siècle aux Franches-Montagnes

En 1136, il n’y avait aux Franches-Montagnes qu’un village: Montfaucon. D’ailleurs, à cette époque, on appelait cette région: la montagne du faucon (Mons Falconis). Il y avait quelques fermes à Fornet, à Saint-Brais (alors appelé Le Plaignat) et sans doute quelques unes éparpillées entre Montfaucon et Goumois.

L’église de Montfaucon (la seule aux Franches-Montagnes – sauf Bellelay – jusqu’au XVe siècle) dépendait du chapitre de Saint-Ursanne. Le territoire appartenait sans doute au chapitre de Saint-Ursanne, sauf l’équivalent de l’actuelle Courtine de Bellelay qui dépendait du chapitre de Moutier-Grandval.

Le prince-évêque de Bâle était le suzerain de ces deux chapitres.

XIIe siècle dans le Jura historique

L’Ajoie dépendait spirituellement de l’archevêque de Besançon et appartenait en grande partie aux comtes de Montbéliard.

Les sires d’Asuel avaient des terres dans le clos du Doubs, en Ajoie et dans la vallée de Delémont.

La vallée de Delémont appartenait en partie au comte de Soyhières (dont le dernier descendant mâle s’éteindra vers 1180 – une fille épousera le comte de Thierstein et une autre le comte de Ferrette), au chapitre de Moutier-Grandval et à quelques nobliaux.

Le chapitre de Moutier-Grandval possédait presque toute la vallée de Tavannes, Moutier, Courrendlin et les villages jusqu’à Welschenrohr. De nombreuses propriétés en Ajoie, Alsace et des vignobles au bord du lac de Bienne complétaient son patrimoine.

Le vallon de Saint-Imier dépendait spirituellement de l’évêque de Lausanne (ainsi que Bienne et l’actuel district de La Neuveville). Plusieurs nobliaux, dont les sires d’Erguel qui s’éteindront au XIIIe siècles possédaient les terres. Ils devaient allégeance au prince-évêque de Bâle.

Bienne n’existait pas encore et La Neuveville sera fondée en 1312 par l’évêque de Bâle pour surveiller la frontière avec le comte de Neuchâtel.


XIIe siècle en Suisse (territoire actuel)

Tout le territoire suisse faisait partie de l’empire germanique.

Les seigneurs les plus puissants étaient les Zähringen à l’est, les Savoie et les comtes de Bourgogne à l’ouest.

Les évêques de Constance, de Sion, Lausanne et de Genève avaient aussi une grande influence.

 

XIIe siècle en Europe

Au début du siècle, la France ne se résumait qu’à un territoire situé entre Paris et Orléans, même si théoriquement, le roi était suzerain sur toute la France (sauf l’est). Lorsqu’Aliénor d’Aquitaine, unique descendante du duc Guillaume X, épouse Louis VII, elle apporte en dot toute la Guyenne, la Gascogne, le Poitou, le Limousin, l’Angoumoir, la Saintonge et le Périgord (l’équivalent de 19 départements actuels), ce qui triple le domaine royal. Mais, patatras, elle le reprend lorsqu’elle divorce douze ans plus tard et se remarie avec le roi d’Angleterre Henri II, qui possède déjà en France la Normandie, en tant qu’arrière petit-fils de Guillaume-le-Conquérant. Le fils de Louis VII, Philippe Auguste augmentera considérablement le domaine royal en combattant ses vassaux et les anglais.

En Angleterre, le fils de Guillaume-le-Conquérant, Henri 1er Beauclerc mourra sans décendant mâle en 1135. La plupart des nobles ne reconnaîtront pas sa fille, veuve de l’empereur d’Allemagne Henri V et nouvellement mariée au duc d’Anjou Geoffroy Plantagenêt. Une période d’anarchie s’ensuivra et déchirera l’Angleterre jusqu’à l’avènement d’Henri II en 1154. Par son mariage avec Aliénor d’Aquitaine, il acquiert près de la moitié du royaume de France. Ses fils et successeurs, Richard Coeur de Lion et Jean Sans Terre, en perdront la plupart.

En Germanie, le titre d’empereur est électif. Ce sont les grands du royaume qui l’élisent: les archevêques, les ducs, les comtes…

Après la mort d’Henri IV en 1124, les grands élisent Lothaire de Supplimbourg. Conrad de Hohenstauffen lui succède en 1138, puis son neveu Frédéric Barberousse en 1152. Il régnera près de quarante ans et mourra lors de la 3e croisade en 1190. Il développera l’essor des ministériaux, des gens en général non noble, mais compétents et dévoués.

En Espagne, tout ce qui se trouve au sud d’une ligne brisée entre Lisbonne, Tolède et Valence appartient aux musulmans. C’est le reste d’Al Andalous. Au nord de cette ligne, la péninsule est divisée entre les royaumes du Portugal, de Galice, de Leon, de Castille, d’Aragon, de Navarre et du comté de Catalogne.

L’Italie faisait théoriquement partie du Saint-Empire Germanique, mais dans le Sud, au XIe siècle, l’invasion des Normands réussit à créer un royaume moderne, efficace et fortement centralisé grâce à un étroit contrôle du territoire.

Au centre nord de l’Italie, on assiste à une disparition progressive du féodalisme et à l’émergence de villes libres, qui acquièrent une autonomie.

Pour défendre son autonomie de l’Empire du nord, des États de l’Église au centre et des invasions arabes au sud, les communes commencent à créer des ligues qui ne seront jamais suffisamment fortes pour pouvoir s’opposer à l’influence papale ou féodale à cause des fortes rivalités internes. Certaines villes se démarquent, comme Milan (important centre urbain du royaume d’Italie et donc de l’Empire) pour sa lutte contre le pouvoir impérial, Forli et Pérouse (villes appartenant aux États de l’Église) pour leur lutte contre la domination pontificale. La longueur des affrontements entre l’Empire et l’Église, la naissance d’une bourgeoisie mercantile dont les intérêts s’opposent à l’aristocratie rurale, la lutte des classes dirigeantes urbaines pour acquérir une autonomie plus grande, conduit la société italienne à donner naissance à une série de courants souvent opposés : particulièrement connus du XIIe siècle au XIVe siècle, les factions des Guelfes et Gibelins. Autre phénomène que des motivations politiques et religieuses unissent, ce sont les croisades auxquelles participent activement beaucoup d’états italiens avec l’objectif de s’opposer à la progression de l’Islam et d’étendre le commerce vers l’Orient.